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3 juin 2012 7 03 /06 /juin /2012 17:15

 

Le Théâtre de la Bastille

présente

Les quatre jumelles


les-4-jumelles.jpg

Jusqu'au 23 Juin

 

De: Copi
Mise en scène: Jean-Michel Rabeux
Avec: Claude Degliame: Joséphine, Georges Edmont: Leïla, Marc Mérigot: Maria, Christophe Sauger: Fougère

 


 

       Décor rond comme une arène, une boule blanche y attire l'oeil, posée sur un socle aux mêmes couleur et format que toute la petite pièce, noire. Et puis la boule se lève doucement, réveillant deux femmes aux vêtements déchirées et au blanc douteux. Maquillage cru, dialogue décalé, elles s'injectent à tour de rôle des seringues de drogues en tout genre dans les veines, insultes réciproques en fond sonore. Maria ( Marc Mérigot) et Leila (Georges Edmont) sont jumelles, perdues en Alaska, et des chiens dangereux aux alentours les empêchent de sortir. C'est à peu près tout ce que l'on saura d'elles et de leur dépendance aux drogues dures. Et puis l'une d'elle sans prévenir, brandit un couteau devant sa compagne et le lui enfonce dans le corps, sans véritable raison apparente. Le spectateur choqué attend de comprendre comment va évoluer la pièce, avec une mort aussi rapide dans le texte et cette cruauté dans les dialogues,certes très drôles mais assez déstabilisants.les-quatres-jumelles.jpg

 

Deux autres femmes, Joséphine(Claude Delgiame) et Fougère (Christophe Sauger), même maquillage dégoulinant, même vêtements miteux et perruques courtes blanches, s'avancent dans ce petit décor. La soeur morte réssuscitée veut se venger, les deux autres personnages se battent aussi, le spectateur comprend rapidement qu'elles sont en réalité quatre jumelles, totalement déjantées,cruelles. Ici la mort n'a aucune importance puisque la vie reprend quelques minutes après. Tout est permis, il n'y a aucun amour uniforme entre elles. Elles sont deux à deux contre les autres, puis seules l'une contre l'autre. Dépendantes, elles s'imaginent partir de cet endroit, sans le pouvoir, leur corps ne suit plus.

 

Cette intemporalité à la fois dans la mise en scène très épurée et dans le texte féroce de Copi est assez déconcertante. Le romancier, dessinateur et dramaturge Argentin, écrit Les quatre jumelles en 1973. Quatorze ans plus tard, il meurt du sida, laissant plus de 20 pièces de théâtre derrière lui.

Jean Michel Rabeux s'amuse avec ce texte. Ces quatre jumelles sont impossibles, le choix de prendre trois hommes pour jouer quatre de ces femmes rajoute au côté décalé du vocabulaire et des gestes. La prestation est forte, agressante et vraiment drôle. C'est peut-être le pire, le spectateur rit sans scrupule de ces morts en séries, de ces mots crus déployés avec force sur ces personnages perdus, dont on connaît irrémédiablement la fin et que l'on finit malgré nous à apprécier pour leur folie sans borne.

Beaucoup de moments poétiques aussi, telle cette envie de croire en la possession de lingots d'or. Joséphine relève son corps douloureux,elle a dû mourir au moins trois fois déjà, tend les mains, espère pouvoir les toucher, ils ne viendront pas. Y croyait-elle vraiment?

L'heure passe très vite, la pièce est étonnante, enrichissante et marquante.

M.D

 

 

Infos pratique:

Théâtre de la bastille

76 rue de la Roquette

75011 Paris

01 43 57 42 14

Compagnie Jean Michel Rabeux

www.rabeux.fr

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