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Le Théâtre de la Pépinière
présente
Oxu
Jusqu’au 17 juillet 2010.
De et avec Jean-Claude Leguay, Christine Murillo, Grégoire Oestermann
D’après Le baleiné, dictionnaire des tracas , Tome 1,2 et 3 publiés au Seuil et l’intégrale chez Points.
Scénographie Jean-Pierre Larroche, Lumière Alain Poisson, Costumes
Christine Brottes, Musique Philippe Miller, Assistante Charlotte Faivre-
Castro, Transcription éclairée Caroline Gernez.
Interview de jean-Claude Leguay, Grégoire Oestermann et Christine Murillo.
Trois personnages essayent de mettre des mots sur des situations particulières, celles qui gènent, ennuient, tracassent. Pour exemple, car je sens bien qu’il va falloir en donner , le biscuit qui se désagrège au premier trempage dans la tasse à café sera un « ranilou ». Une lutte discrète entre vous et votre voisin pour prendre possession de l’accoudoir, un « wewedem ». Toutes ces consonnances ont été regroupées dans un livre, Le baleiné dictionnaire des tracas.
« Mais ces mots..existent-ils vraiment ? » me demande, incrédule ,ma voisine. Oui, ils existent puisqu’ils sont créés. A nous de les faire passer dans la langue courante !
De cette invention naît une pièce de théâtre très bien ficelée, drôle et intelligente.
Les trois personnages évoluent dans un décor aussi burlesque que leur imagination. Un hérisson en plastique avance tranquillement au bord des planches, un cactus prend des proportions démesurées à chaque fois que Christine Murillo lui donne à boire, un lustre comme un ceintre accroche les gens sur son passage. Nous sommes dans un univers aussi bancal que cette table posée au centre de la scène. Les chaises ressemblent à du caoutchouc, les pieds ne sont pas à égalité…Un gros carton attend d’être déballé pour livrer sa notice, d’une taille hors norme et d’une complexité interminable.
Quant aux comédiens, ils sont parfaits. Christine Murillo en pleine recherche de mot, se décide inopinément, à résumer un film , Le voile bleu avec Gaby Morlay, film qu'elle ne peut raconter sans pleurer. Sa tirade est complètement interminable et vraiment drôle.
Tout au long de la pièce, les érudits prononcent les phrases qu'ils auraient aimées dire si l'opportunité s'était présentée. Comme on ne sait jamais quand ils vont nous en faire part, cela donne des moments incongrus.
Nous aurons encore droit à un concert improvisé où les mots créent leur note et le chef d'orchestre n'est autre que cette machine enfin sortie du carton.
Et pendant ce temps-là, le hérisson avance, la table se gondole, une ampoule a grillé sur le lustre, le cactus croisse de plus belle et le rideau tombe lentement , se refermant sur ce petit monde délicieusement différent.
Le public est parti, je retrouve les trois acolytes autour d'un verre. Ils ont l'air aussi complices que sur scène. Je suis intimidée. Espérons qu'ils ne veuillent pas me dire bonjour en arrivant,il faudrait leur tendre une paume moite. Raté. Jean Claude Leguay s'approche. AÏe...ça commence bien! Y a-t-il un mot pour ce petit tracas? il faudra leur demander.. j'ai remarqué qu'ils portaient tous les trois des habits remplis de poches, assez inutiles. Sûrement pour égarer et retrouver fièrement l'objet recherché.
Je ne leur poserai aucune des questions prévues, toute à mes tracas du moment. J'arriverai tout de même à leur demander leur vocabulaire préféré:
Je finis mon verre et regrette amèrement de ne pas leur avoir demandé pourquoi toutes ces poches sur leurs vêtements..
Quel mot pourrait représenter le moment où on a tellement envie de poser une question qu'on ne la dira pas alors même qu'on y pense depuis le début et qu'en soi, elle n'a rien de fondamentale?Et leur avouer qu'on a trouvé cette pièce formidablement originale, qu'elle vous a plu!
M.D
La Pépinière théâtre
7, rue Louis Le Grand
75002 Paris
Métro : Opéra / Bus : 68, 95, 27, 21
Parkings : Marché Saint Honoré, Pl. Vendôme
Location : www.theatrelapepiniere.com
ou Tél : 01 42 61 44 16
