La Fondation HCB
présente
l'exposition du lauréat du Prix HCB 2009
David Goldblatt "TJ 1948-2010"
Jusqu'au 17 avril 2011
Avant d’ouvrir les portes de la Fondation Henri Cartier-Bresson située dans une impasse de la rue Lebouis, le visiteur restera quelque instant devant le numéro 7 de la rue, admirant le magnifique immeuble art nouveau, ateliers d’artistes créés par l’architecte Emile Molinier et dont les façades ont été primées en 1913. Après avoir contemplé les céramiques du dernier étage, le promeneur se retrouve dans la petite impasse, contemple l’affiche choisie pour présenter la rétrospective et s’interroge forcément sur le titre donné à cette exposition de photographies, « TJ »,1948-2010.
Il s’agit du système ancien d’enregistrement des véhicules sud-africains avant l’informatisation, TJ pour « Transvaal,Johannesburg ». Quant aux dates, 1948 correspond à la proclamation de l’Apartheid et au début de sa carrière, 2010 à la fin d’un travail sur la criminalité et l’urbanisme.
L’exposition est organisée de la même manière. Au premier étage, des clichés, une soixantaine, d’un pays ravagé par des lois raciales et divisionnaires, au second, vingt portraits en noir et blanc réalisés après la chute de l’Apartheid, représentant des êtres, souvent très jeunes, ayant subi une incarcération pour vol, viol, meurtre et ayant accepté de revenir sur le lieu du drame (hôtel, autoroute, maison etc..) pour se raconter.
« Je ne crois pas que beaucoup d'entre eux soient fondamentalement mauvais. Ils en sont venus à faire ce qu'ils ont fait pour diverses raisons. Un contexte familial difficile, un système d'éducation défaillant, la drogue, semblent être des facteurs récurrents qui ont influé sur leur comportement criminel. » déclare le photographe.
La majorité de ces individus ne portent pas la violence sur leur trait. Tel homme semble vraiment doux, il a pourtant tué de coups de couteau. Mais il faut comprendre son histoire, le contexte. Ces visages deviennent alors totalement humains même si leur âme a pu déraper en chemin.
Evidemment parmi ces portraits, certains n’inspireront que peu de pitié, comme cet homme battant sa femme, tuant, violant jusqu’à se faire tuer lors d’une bagarre entre dealers. Nous nous surprenons à porter un regard très dur et à ne pas vouloir lui trouver de circonstances atténuantes. A partir de quand se fait ce revirement ? Jusqu’où est-on prêt à accepter l’erreur d’autrui ? Est-ce que nous avons accordé plus vite notre pardon à cet homme parce que son regard est tendre, contrairement à celui-ci aux traits durs, tatouages sur le corps et colliers en surnombre ? Nous excusons pourtant un homme probablement coupable de deux viols. De quoi réfléchir.
Que ce soit au premier étage ou au second, chaque photographie sera accompagnée de sa légende, expliquant le cliché. Pour David Goldblatt ce lien est très important, il souhaite restituer l’image dans un contexte.
L’exposition est particulièrement enrichissante et comme d’habitude bien menée.
M.D
Infos pratiques :
Fondation Henri Cartier-Bresson :
2, Impasse Lebouis, 75014 Paris
Tel : 01 56 80 27 00
Fax : 01 56 80 27 01
Du mardi au dimanche de 13h00 à 18h30, le samedi de 11h00 à 18h45, nocturne le mercredi jusqu’à 20h30. Dernière entrée 30 mn avant la fermeture.
Fermé le lundi et entre les expositions.
Tarif : 6 € plein tarif, 3 € tarif réduit : chômeurs, moins de 26 ans, plus de soixante ans, presse, handicapés
Gratuit pour les Amis de la Fondation et en nocturne le mercredi (18h30 – 20h30)
Crédits :
Image 1 : Elle lui dit : « Toi tu serais le chauffeur et moi je serais la madame »,
Hillbrow, 1975/ David Goldblatt courtesy Marian Goodman Gallery, Paris.
Image 2: Khaululwa Pali, Kayelitsha, Cape Town, 2010 Série des “ex-offenders”/ David Goldblatt courtesy Marian Goodman Gallery, Paris.
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