La maison Victor Hugo
présente
Léopoldine, ou la jeunesse volée
Jusqu’à début septembre 2010
Interview du commissaire de l’exposition, Claire Lecourt Aubry
Nous sommes en 1840, à quelques années d’un drame qui affectera à jamais l’écrivain. Il a alors 38 ans et écrit à cette époque plus particulièrement pour le théâtre. Il est marié depuis 18 ans à sa femme, Adèle Foucher, et sont nés 5 enfants, dont l'aîné,Léopold, mourra à l'âge de 3 mois.
Il vient de publier un recueil de poésie, Les rayons et les ombres.
Le dernier jour d’un condamné a été présenté au public en 1829 ,suivi cinq ans plus tard de Claude Gueux.Son talent est reconnu, même s’il ne plaît pas à tous en raison de ses idées politiques ou de sa vision libérée du monde artistique. Victor Hugo est donc épanoui. Il a plusieurs maitresses, dont Juliette Drouet l'"officielle"depuis l’année de leur rencontre ,1833. Ils passent leur temps ensemble, heureux. Elle a arrêté de jouer au théâtre pour être toujours présente pendant les quelques moments qu'il parvient à lui consacrer. Ils ne se quitteront plus.
Un an plus ta rd, il accède enfin à l’Académie Française après trois refus dûs à son ennemi, Etienne De Jouy, auteur classique quand Victor Hugo est romantique.
Arrive l’année du deuil. Alors que l’écrivain tente de monter tant bien que mal sa pièce dramatique Les Burgraves, sa fille aînée Léopoldine, 18 ans, résidant en haute Normandie, et jeune épousée,monte en barque avec son époux Charles Vacquerie pour se promener. Elle n’en reviendra pas, ni son mari.
Sa mort brutale est très mal ressentie par son père. Son absence le jour du drame sera un constant remords pour lui, ayant eu une relation exclusive avec sa fille .
Léopoldine a connu son mari lors d’une invitation d’Auguste Vacquerie, poète et journaliste romantique alors en relation avec l’écrivain. Auguste présente sa famille à celle de Victor Hugo et Léopoldine tombe immédiatement sous le charme de son frère, Charles. Ils projettent même de se marier un an plus tard. Comme les Vacquerie vivent en haute Normandie, cela oblige donc Léopoldine à s’éloigner de son père. Cet éloignement ne sera pas toujours bien vécu par le père. Alors sa mort arrête toute création , toute envie même d'écrire.
Quand on annonce la nouvelle à Adèle Foucher, elle tombe de chagrin. Comment imaginer une telle fin pour celle qui n’avait que 18 ans !S sa mère garde alors précieusement la robe avec laquelle sa fille est morte. Nous pouvons la voir lors de cette exposition.
La mort de la fille de Juliette Drouet va raviver la plaie de Victor Hugo mais va aussi lui permettre d’accepter enfin la disparition de Léopoldine.
Seulement en 1856, il publie Les contemplations, recueil de 158 poèmes où le souvenir de sa fille est très présent. « Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne, Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends. J’irai par la forêt, j’irai par la montagne. Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps. »(IX,XIV)
L’exposition présente des portraits de Léopoldine, des lettres échangées avec ses proches, des dessins que Victor Hugo lui aurait dédiés, des bulletins scolaires, son faire-part de mariage.. autant de pièces émouvantes qui permettent de mieux comprendre l’œuvre du poète.
M.D
Crédit :
Image 1 : Auguste de Chatillon « Léopoldine au livre d’heures » huile sur toile,1835, Maison de Victor Hugo.
Image 2 : Edouard-Louis Dubufe « Léopoldine Hugo » 3 crayons sur papier, début 1843, Maison de Victor Hugo.
Infos pratiques :
Maison de Victor Hugo
6, place des Vosges
75004 Paris
Metro bastille, Saint-Paul Chemin vert
01 42 72 10 16
commenter cet article …