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16 octobre 2009 5 16 /10 /octobre /2009 12:05

Le Petit Palais présente Fernand PELEZ La parade des humbles, jusqu’au 17 janvier 2010

 

Interview du commissaire de l'exposition et conservateur en chef: Isabelle COLLET


 

    Le Petit Palais nous a toujours habitué à des expositions sortant de l’ordinaire. Elle n’y dérogera pas, cette fois encore. Qui connaît ce peintre issu du cursus académique classique et rapidement considéré comme le représentant de la classe miséreuse? Soyons franc, peu de monde.

Alors pourquoi décider maintenant de réaliser une exposition sur cet oublié quand les musées alentours proposent des visites aux entrées sûres ?

 

 

Les premières toiles ne convaincront peut-être pas d’emblée. Le style très classique des grands tableaux ou des dessins surprennent le visiteur.  Fernand PELEZ a d’abord suivi une formation académique, par ailleurs réussie puisqu’il obtient une troisième médaille pour un modèle vivant,Faune à la flûte (1870), qu’il réintroduira dans une de ses futures œuvres phares l’Humanité ! , 26 ans plus tard.

Il travaille alors avec Alexandre CABANEL qui le prépare à la peinture d’histoire.

 

 

Avec son œuvre Au lavoir , le peintre se rend compte de ce qu’il veut vraiment: représenter des sujets contemporains, presque comme s’il s’agissait d'une photographie.


Il devient alors un peintre naturaliste.

 

 

Il montre le PARIS malheureux, sans le sou, celui des hommes rejetés. L’artiste privilégie la couleur grise et les traits épais seuls capables de symboliser cette pauvreté.

 

 

Les enfants deviennent un de ses sujets récurants. Il les peint endormis dans la rue, enlacés pour se tenir chaud dans des couvertures douteuses, il les présente encore revenant du pénible travail de la cueillette, comme ce Petit marchand de mouron ayant probablement parcouru de nombreux kilomètres pour obtenir la plante.

Les faits divers l’influencent puisque sa toile Un nid de misère ferait référence à ces deux enfants retrouvés  presque morts de froid et de faim dans une bâtisse abandonnée.

 

 

Le tableau dénommé La vachalcade dérange vraiment. Des enfants cachent leur visage sous des masques aux figures déformées tandis qu’une bannière tenue par l’un d’entre eux livre le mot " Misère" d’où pend lamentablement un rat mort. Fernand PELEZ aurait ici représenté une des manifestations de l’époque.

 

 

L’exposition a le mérite de rendre compte des étapes intermédiaires entre l’oeuvre débutant et finissant. La bouchée de pain représente des nécessiteux en train de faire la queue devant un « réfectoire populaire fondé en 1885 ». En face du tableau fini, dix panneaux  détaillent les personnages de la toile et l’évolution même de son entreprise. « Il y a de la boue dans son pinceau » écrira E.HENRIOT à son sujet. A côté de l’œuvre aboutie, des photographies provenant du Musée CARNAVALET  illustrent avec force la pauvreté de notre capitale : mendiants, hommes âgés et courbés par la dureté de la vie s’offrent à notre regard.

 

Les danseuses seront un des derniers thèmes du peintre. Il y représente des jeunes petits rats de l’Opéra occupées à leur préparation. Evidemment, nous penserons à Degas bien que la différence entre les deux peintres soit grande. Ici il ne sera pas question de jolies tenues ou de grâce particulière. Nous sommes au cœur de la réalité et ces élèves sont cruellement jeunes. Là encore, nous pourrons constater le travail en série réalisé avant d’obtenir le tableau achevé.

 

L’affiche de l’exposition est tirée d’une de ses grandes huiles sur toile, Les saltimbanques(1888). Pourquoi ce choix ?



 

Quelle est l'oeuvre qui intéresse particulièrement le commissaire et conservateur en chef, Isabelle COLLET?


L’exposition de celui qui voulait « raconter les pauvres de PARIS » a le mérite de rappeler la réalité, toujours d’actualité. Une classe moyenne de plus en plus rare et des riches qui s’accaparent sans complexe un monopole.


Marie DUFOUR


Crédits:


Image 1: Visuel de l'exposition tiré de Grimaces et misères-Les Saltimbanques,1888,Petit-Palais/Roger-Viollet.

Image 2: Sans asile ou Les Expulsés,1883,Petit-Palais/Roger-Viollet

Image 3:Le Petit Marchand de mouron,1880,suzanne Nagy.

Image 4:La Vachalcade,1896-1900,Petit-Palais/Roger-Viollet.

Image 5:Grimaces et misères-Les Saltimbanques,1888,Petit-Palais/Roget-Viollet.

Image 6:Les Danseuses,1905,Petit-Palais/Roger-Viollet.


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